LA POETESSE DE MAZARGUES
Dans la douce quiétude de la résidence de Mazargues, Mme SARGES une de nos résidentes, telle une étoile solitaire, tisse des mots. Gardienne des mots oubliés, Mme SARGES sème des graines de poésie dans chaque recoin de la résidence, elle célèbre la vie même dans l’ombre du matin. Chacun de ses poèmes reflète une parcelle de son vécu.
Dans l’ombre feutrée de l’hôpital Saint Joseph, Mme SARGES, telle une plume fragile, écrivait des vers, doux comme un souffle, l’intervention d’une mouche agaçante, telle une petite peste, la taquinant sans relâche, la faisait rimer de dépit, elle bourdonnait autour de sa tête, se posant sur ses vers, la chatouillant dans un ballet incessant.
Mme SARGES, les sourcils froncés, luttait contre cette muse indisciplinée qui lui soufflait des vers.
Ainsi naquit le poème « la mouche silencieuse », entre rire et fureur.
La résidence Mazargues a participé à un concours de poésie organisé par l’association AGES (Agissons Ensemble Solidaire) qui a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées ou handicapées vulnérables et de leurs aidants en soutenant des actions comme « Stop à l’isolement ».
Et roulement de tambour… Mme SARGES a obtenu le premier prix de l’originalité pour un poème individuel :
La mouche silencieuse
Silencieuse est la mouche
Qui vient me taquiner
Sur mon lit d’hôpital
Silencieuse est la mouche
Que j’essaie d’attraper
Par un geste fatal
Fatal ? pas pour la mouche
Qui elle, se délivre
En ce moment crucial
Où ma main croit l’avoir
Écrasée enfin !
Silencieuse, je ressens sa présence
Par des frôlements furtifs
Qui taquine ma jambe…
Elle monte jusqu’à mon cou
Et dès que je suis au lit
Et que je me repose
La mouche est silencieuse, elle, moi pas…
Je m’égosille, je vocifère contre,
Contre cet insecte si petit
Qui crie victoire ! qui me tient tête !
Sur mon lit d’hôpital
L’hôpital St Joseph,
St Joseph que j’évoque en vain.